Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


PRÉFACE.


DE LA PREMIÈRE ÉDITION.




Je n’ai pas l’intention d’apprendre à mes lecteurs comment les manuscrits du fameux antiquaire, le révérend J. A. Rochecliffe, docteur en théologie, sont tombés en ma possession. Il y a mille moyens de se les procurer ; qu’il me suffise de dire qu’ils furent sauvés d’un sort indigne, et qu’ils me parvinrent par des voies honnêtes. Quant à l’authenticité des anecdotes que j’ai extraites des manuscrits de cet illustre savant, et que j’ai arrangées avec cette facilité sans pareille qui m’est si naturelle, le nom du docteur garantira leur exactitude, partout où ce nom sera connu.

L’histoire du docteur Rochecliffe n’est ignorée d’aucun de ceux qui ont un peu lu ; et quant aux autres, nous pouvons les renvoyer à l’honnête Antony Wood[1] qui le regardait comme un des piliers de l’Église épiscopale, et qui lui consacre une notice des plus flatteuses dans l’Athenæ oxonienses, quoique le docteur eût été élevé à Cambridge, ce second œil de l’Angleterre[2].

Il est de notoriété publique que ce docteur Rochecliffe obtint de bonne heure de l’avancement dans l’Église, en récompense du zèle qu’il avait déployé dans la controverse avec les puritains, et que son ouvrage intitulé Malleus hæresis fut considéré comme un coup accablant, excepté par ceux contre lesquels il était dirigé. C’est cet ouvrage qui le fit nommer à trente ans recteur[3] de Woodstock, et qui lui mérita ensuite une place dans le catalogue du fameux Century White[4] Mais ce qu’il y eut de pis pour lui que d’avoir été rangé par ce fanatique dans la classe des prêtres scandaleux et pervers pourvus de bénéfices par les prélats, c’est que ses opinions lui firent perdre la place qu’il occupait à Woodstock, lorsque les presbytériens devinrent les plus forts. Pendant presque tout le temps que dura la guerre civile, il fut chapelain du régiment

  1. Savant antiquaire de l’université d’Oxford. a. m.
  2. Cambridge est la seconde université d’Angleterre, rivale de celle d’Oxford. Une troisième université a été établie à Londres, en 1829. a. m.
  3. Dignité qui répond à celle de curé bénéficier. a. m.
  4. Ce White était un puritain, qu’on surnomma Century, à cause d’une dénonciation qu’il fit contre cent prêtres. a. m.