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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/210

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laquelle nous agissions. Messieurs, je demande à l’honorable assemblée… avec tout le respect dû à Son Excellence… si son pouvoir est valable contre un pouvoir duquel il tient immédiatement le sien ? personne ne le soutiendra. Je demande s’il est parvenu jusqu’au trône d’où le dernier Homme est descendu, s’il a un grand sceau ou s’il a le droit d’exercer, en pareil cas, sa prérogative ? Je ne vois aucune raison de le croire : je dois donc repousser une telle conduite. Je m’en rapporte à vous, mes braves et honorables collègues ; mais quant à moi, je me sens dans la malheureuse nécessité d’accomplir notre mission comme s’il n’était pas survenu d’ordre contraire ; avec cette différence, toutefois, que la réunion des commissaires au séquestre se tiendra le jour, dans cette même Loge de Woodstock ; mais que, pour remettre les esprits de nos faibles frères qui peuvent être abattus par des contes superstitieux, aussi bien que pour éviter toute violence contre nos personnes de la part des malveillants qui, j’en suis convaincu, conspirent contre nous dans le voisinage, nous donnions suite à nos séances après le coucher du soleil, à l’auberge de Saint-George, au bourg voisin. — Cher maître Bletson, répliqua le colonel Éverard, ce n’est point à moi à vous répondre ; mais vous devriez savoir en quels caractères cette armée d’Angleterre et son général écrivent leurs ordres. Je crains que le commentaire sur le mandat du général ne soit fait par un régiment de cavalerie qui viendra d’Oxford pour le faire exécuter. Des ordres sont, je crois, donnés à cet effet. Et vous savez par expérience, vous n’avez pas oublié que le soldat obéira à son général aussi bien contre le parlement que contre le roi. — Cette obéissance est conditionnelle, » dit Harrison se levant avec fierté. « Ne sais-tu pas, Markham Éverard, que j’ai suivi Cromwell d’aussi près que le boule-dogue suit son maître… ? et je le suivrai encore…. mais je ne suis pas plus un épagneul qui se laisse battre ou arracher la nourriture qu’il a gagnée, qu’un vil roquet dont les gages sont les coups de fouet et la permission de conserver sa peau. Je calculais qu’entre nous trois nous aurions pu honnêtement, pieusement, et pour le bien de l’État, gagner dans cette affaire, trois et peut-être cinq cents livres. Cromwell s’imagine-t-il que je vais renoncer à ma part pour un gros mot ? personne ne fait la guerre à ses dépens ; celui qui sert l’autel doit vivre de l’autel… et les saints doivent avoir les moyens de se fournir de bons harnais et de frais chevaux contre l’impiété et la profanation. Cromwell pense-t-il que je suis