Aller au contenu

Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/264

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

surtout parce que mon bon ami, votre fils, pendant tout le souper, m’a accablé encore en particulier d’une foule de questions auxquelles je ne répondrais volontiers que demain matin… Pouvons-nous donc vous demander la permission de nous retirer dans nos appartements ? — Les comités privés en joyeuse compagnie, dit Wildrake, sont un solécisme d’éducation ; ils me rappellent toujours ces maudits comités de Westminster… Mais irons-nous nous jucher avant de faire peur au chat-huant par une chansonnette ? — Ah ! tu peux donc citer Shakspeare ? » dit sir Henri charmé de découvrir une bonne qualité de plus dans sa connaissance, dont les services militaires pouvaient tout au plus excuser l’importune liberté de ses paroles. « Au nom du joyeux William, continua-t-il, que je n’ai jamais vu, quoique je me sois trouvé avec beaucoup de ses camarades, tels qu’Alleyn, Hemmings, et d’autres, une seule chanson, une santé ensuite, et puis au lit. »

Après la discussion d’usage sur le choix de la chanson, et les rôles que chacun devait jouer, ils furent tous d’accord pour une chanson loyale qui était alors en honneur parmi les gens du parti, et qui fut en effet, dit-on, composée par un personnage qui n’était rien moins que le docteur Rochecliffe lui-même.

chant pour le roi charles.

Apportez-moi votre coupe vantée,

Et remplissez-la jusqu’au bord ;

Buvons à lui, comme à qui l’aime fort :

Cette santé de cœur lui doit être portée.

Debout, intrépides guerriers ;
Ennemis lâches, en arrière :
La mort fût-elle dans le verre,

Buvons à Charle en dignes chevaliers !

Bien que sans aide, inconnu, sans asile,

Il coure à travers les dangers,
À la merci des étrangers,
Et loin de son palais tranquille,

Bien que partout on lui manque de foi,
Et que partout le trépas l’environne,

Soyons toujours à la couronne,
Buvons à la santé du roi !

Honorons tous notre monarque,
Autant du moins que nous pourrons ;
Que sur les verdoyants gazons
Nos genoux impriment leur marque,

Tandis que notre fer brave les bataillons.

Un temps viendra, j’espère, où ducs, lords et barons,