Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/371

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comme des pourceaux autour d’une auge pour des glands et des cosses de pois. Par ces termes insultants, il voulait sans doute désigner les rites et les cérémonies ordinaires du culte public, la discipline religieuse des diverses Églises chrétiennes, les règles ou même les défenses imposées aux chrétiens de ces différentes sectes. L’écoutant rarement, et ne le comprenant jamais, Jocelin, à qui s’adressaient souvent de pareils discours, s’efforçait ordinairement de le rappeler à sa gaîté grossière ou au souvenir de ses débordements d’avant les guerres civiles, ne tenant aucun compte, et ne voulant pas faire l’examen des opinions de ce saint de nouvelle mode, mais ne songeant qu’à la protection que sa présence assurait à Woodstock. D’ailleurs, il était bien persuadé de la pureté des intentions d’un homme à qui l’ale et l’eau-de-vie, quand on ne lui donnait rien de meilleur, semblaient les principaux objets de la vie, et qui buvait à la santé du roi ou de tout autre, pourvu que son verre fût toujours rempli jusqu’au bord. Ces doctrines particulières, qui étaient observées par une secte appelée quelquefois la Famille de l’amour[1], mais plus communément les Ranters, s’étaient propagées, à une époque où des opinions religieuses si diverses s’étaient répandues ; et ces hommes avaient poussé ces hérésies discordantes entre elles jusqu’aux dernières limites de l’impiété et du délire. Le secret avait été recommandé à ces disciples extravagants d’une doctrine blasphématoire, pour éviter les dangers qu’elles eussent attirés sur eux s’ils les eussent publiquement avouées. M. Tomkins avait grand soin de cacher la liberté spirituelle dont il prétendait avoir acquis le privilège, à tous ceux dont il avait à craindre le ressentiment s’il eût été moins prudent ; rien n’était plus facile, car leur profession de foi leur permettait, leur

  1. Les famillistes avaient eu pour premier fondateur David George de Delft, enthousiaste qui croyait être le Messie ; ils se séparèrent en différentes sectes : les grindletoniens ; les famillistes des montagnes, des vallées ; les famillistes de l’ordre du collet, ceux du troupeau épars. Entre autres principes trop extravagants et trop pervers pour être cités ici, ils prétendaient qu’il état légitime de se conformer extérieurement à toute secte prédominante, quand on y trouvait son avantage ; d’obéir aux ordres de tout magistrat, de toute autorité supérieure, quand même ces ordres seraient contraires à la justice. Ils désavouaient les principales doctrines du christianisme, comme une loi abrogée par la venue de David George. Ils s’abandonnaient aux instincts effrénés des passions les plus criminelles, et entre eux se livraient, dit-on, au plus horrible libertinage. Voyez la Gangrène d’Edward, l’Hérésiographie de Pagell, et un ouvrage très curieux de Ludovic Clarton, un des chefs de la secte, ayant pour titre, la Brebis perdue et retrouvée, petit in-4o, Londres, 1660. a. m.