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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/392

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et me faire faute quand ton loyal service nous eût honorés tous deux à jamais ! Mais tu n’étais plus bonne à rien, depuis que ta pointe s’était tournée, même en plaisantant, contre un érudit théologien de l’Église d’Angleterre. »

Dans le premier moment de frayeur, et peut-être soupçonnant que Wildrake avait des complices, Cromwell avait tiré à demi de son sein un pistolet caché, qu’il se hâta d’y remettre en voyant Éverard et l’ecclésiastique le tenir tous deux, de peur qu’il ne recommençât.

Pearson et un ou deux soldats arrivèrent… — Assurez-vous de ce drôle, dit le général, avec le ton calme d’un homme pour qui un péril imminent était chose si familière qu’il n’en était point troublé. Attachez-le, mais pas si fort, Pearson… » car les gens de Cromwell, pour montrer leur zèle, avaient ôté leurs baudriers, et s’en servaient, faute de cordes, pour garrotter bras et jambes à Wildrake. « Il aurait voulu m’assassiner ; eh bien, moi je lui réserve une juste punition. — Vous assassiner !… Je méprise vos rôles, maître Olivier ; je vous ai offert un noble cartel. — Le fusillerons-nous dans la rue, pour l’exemple ? » demanda Pearson à Cromwell, tandis qu’Éverard s’efforçait d’empêcher Wildrake de lâcher de nouvelles injures. — « Sur votre vie, ne lui faites aucun mal ; mais qu’on le tienne sous bonne garde et qu’on le surveille bien, » dit Cromwell, pendant que le prisonnier criait à Éverard : « Laisse-moi, je t’en prie, je ne dépends plus de toi ni de personne, et j’ai tout aussi grande envie de mourir que j’en eus jamais de boire un verre de vin ; et écoutez, vous, en parlant de cela, maître Olivier, vous avez été autrefois un joyeux gaillard ; soyez assez bon pour ordonner à vos écrevisses[1] de m’approcher cette cruche des lèvres, et Votre Excellence entendra la santé que je vais porter, une chanson et un… secret. — Laissez-lui remuer la tête, et tenez la cruche à cette bête débauchée, dit Olivier ; tant qu’il existera, ce serait une honte que de lui refuser l’élément dans lequel il a constamment vécu. Que le ciel répande sur vous ses bénédictions pour cette fois seulement ! » dit Wildrake dont le dessein, en continuant cette singulière conversation, était de gagner un peu de temps, s’il était possible, car chaque instant était précieux : « Tu as brassé de bonne ale, et cela mérite une bénédiction ; quant à ma santé et à ma chanson, les voici qui vont ensemble :

  1. Les soldats en uniforme rouge. a. m.