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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/412

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fort mal si on lui donne la chasse dans ces deux heures qui séparent la nuit du jour… Changez d’habits, comme vous en aviez l’intention, dans cette chambre à coucher ; cela peut aussi être de quelque utilité. — Mais, brave sir Henri, dit le roi, votre zèle oublie un point principal. Je suis venu, à la vérité, de la hutte du garde forestier dont vous me parlez à la Loge ; mais c’était en plein jour, et avec un guide. Je ne trouverai jamais mon chemin, seul et au milieu des ténèbres… Je crains qu’il ne faille permettre au colonel de m’accompagner, et je vous prie, je vous ordonne même de ne vous exposer à aucun embarras, à aucun péril pour défendre le château. Seulement, gagnez le plus de temps possible à en montrer les retraites cachées. — Fiez-vous à moi, mon royal et digne souverain, répliqua sir Henri ; mais Albert doit rester ici, et Alice conduira à sa place Votre Majesté à la cabane de Jocelin. — Alice ! » dit Charles reculant de surprise ; « comment ! en pleine nuit… et… et… et… » Il jeta un regard sur Alice, qui était rentrée dans l’appartement, et il lut sur son visage l’expression du doute et de la crainte. Il comprit que la réserve qu’il avait imposée à son penchant pour la galanterie depuis le duel en question, n’avait pas entièrement effacé le souvenir de sa conduite passée. Il se hâta d’opposer un non formel à une proposition qui semblait si fort l’embarrasser. « Il m’est impossible, en vérité, sir Henri, d’accepter les services d’Alice. Il faut que je coure aussi vite que si j’avais sur les talons une meute de chiens de chasse. — Alice a le pied aussi leste qu’aucune fille de l’Oxfordshire, et à quoi servirait à Votre Majesté d’aller aussi vite ne connaissant pas le chemin. — Non, non, sir Henri, répliqua le roi, la nuit est trop noire ; nous perdons un temps précieux ; je trouverai mon chemin tout seul. — Changez de suite d’habits avec Albert, dit sir Henri, et reposez-vous sur moi pour tout le reste. »

Charles, qui n’était pas encore disposé à céder, passa cependant dans la chambre où le jeune Lee et lui devaient échanger leurs habits. Alors sir Henri dit à sa fille : « Prends une mante, mon enfant, et mets tes plus forts souliers. Tu aurais pu monter Pixie, mais il est un peu vif, et tu n’es pas courageuse à cheval ; tu ne l’as jamais été, d’ailleurs… c’est la seule faiblesse que je te connaisse. — Mais, mon père, » lui répondit Alice en fixant ses yeux, avec une expression particulière, sur le visage de sir Henri, dois-je réellement aller seule avec le roi ? Phœbé ou dame Jellycot ne pourraient-elles nous accompagner ? — Non, non ; Phœbé, cette pe-