Aller au contenu

Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/453

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nes, lui dit Nehemiah Holdenough. — Quoi ! mon petit curé presbytérien, mon mince Mass John, tu vas bientôt dire amen à ce monde ; pour moi j’y ai passé de mauvais quarts d’heure. Ah ! noble sir Henri, je vous baise les mains ; je vous dirai, chevalier, que la pointe de mon épée de Tolède a été aussi près du cœur de Cromwell, la nuit dernière, qu’aucun des boutons de son pourpoint. Mais il porte une armure cachée ! lui ! un soldat ! sans sa maudite chemise d’acier, je l’embrochais comme une alouette. Ah ! docteur Rochecliffe, vous connaissez mon adresse. — Oui, répondit le docteur, et vous connaissez aussi la mienne. — Je vous en prie, restez tranquille, maître Wildrake, dit sir Henri. — Eh bien ! bon chevalier, reprit Wildrake, montrez donc un peu plus de cordialité à un camarade d’infortune. Nous ne sommes pas ici à l’attaque de Brentford. La fortune m’a traité en marâtre. Je vais vous chanter une chanson que j’ai faite sur mes malheurs. — Dans ce moment, capitaine Wildrake, nous ne sommes point en position convenable pour chanter, » dit sir Henri avec politesse et gravité.

« Cela aidera votre dévotion. Écoutez, c’est comme un psaume de la pénitence.

Quand j’étais petit garçon
Ma fortune était mauvaise ;
Mais je vais être à mon aise
Si j’écoute la raison.
Avec les jeux et les filles
J’ai dépensé tout mon bien ;
Maintenant, comme vaurien,
Il me faut briser les grilles.

Il est bien vrai, j’ai des bas,
Mais, diable ! des souliers pas.
Je porte en tout temps des bottes :
Ah ! nonobstant l’éperon
Et les empeignes falottes,
Je resterai franc luron.

La porte s’ouvrit, comme Wildrake finissait ce couplet qu’il chantait à gorge déployée, et une sentinelle le traitant de taureau blasphémateur de Bassan, donna un violent coup de sa baguette de fusil sur les épaules du chanteur, qui, attaché comme il l’était, ne pouvait le lui rendre.

« Je vous rends grâces de nouveau, monsieur, » dit Wildrake en remuant les épaules : « fâché de ne pouvoir vous témoigner ma reconnaissance ; mais je suis lié comme le capitaine Bobadil. Ah !