Aller au contenu

Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/458

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

camp revint dans le parloir de Victor Lee, où il trouva le vieux soldat Zorobabel Robins, qui attendait son retour.

« Comment va le général ? » lui demanda le vétéran avec inquiétude.

« Fort bien ; il ne m’a fait aucune question sur l’exécution, mais il m’en a fait beaucoup pour savoir si nous avions quelques nouvelles sur la fuite du Jeune Homme, et il paraît très mécontent de penser qu’il est maintenant à l’abri de nos poursuites. Je lui ai donné certains papiers appartenants à ce rebelle, le docteur Rochecliffe. — Alors je me hasarderai à l’aller trouver, lui dit le soldat ; donne-moi une serviette, que j’aie l’air d’un maître-d’hôtel ; et je lui porterai le repas que j’ai ordonné qu’on lui préparât. »

Deux soldats arrivèrent avec une ration de bœuf, comme celle qu’on distribuait aux simples soldats, et accommodée de la même manière ; un pot d’étain rempli d’ale ; du sel, du poivre noir et un morceau de pain de munition. « Viens avec moi, dit-il à Pearson, et ne crains rien, une innocente plaisanterie ne déplaît pas à Noll. » Il entra hardiment dans la chambre à coucher du général, et dit tout haut : « Lève-toi, toi qui es appelé à être juge dans Israël ; ne croise pas plus long-temps les bras pour dormir ; je viens à toi comme un signe. Lève-toi donc, mange, bois, et que ton cœur soit rempli de joie, car tu mangeras avec joie la nourriture de celui qui travaille dans la tranchée, attendu que le pauvre soldat a reçu les mêmes aliments que je t’apporte, à toi qui commandes à toute l’armée. — Véritablement, frère Zorobabel, » lui répondit Cromwell accoutumé à ces élans d’enthousiasme de la part de ceux qui lui étaient attachés, — nous désirerions qu’il en fût ainsi. Nous ne désirons pas dormir ou nous nourrir mieux que le moindre de ceux qui suivent nos bannières ; tu as fort bien choisi nos aliments, et l’odeur de cette viande m’est infiniment agréable. »

Il quitta alors son lit où il s’était jeté à moitié habillé, et s’enveloppant de son manteau, il s’assit au bord du lit et mangea avec appétit ces aliments simples qu’on lui avait préparés. Tout en mangeant, Cromwell ordonna à Pearson de faire son rapport. « Ne vous inquiétez pas, lui dit-il, de la présence d’un soldat dont l’esprit est comme mon esprit. — Il faut vous dire, reprit Robins, que Pearson n’a pas exécuté complètement vos ordres, à l’égard de ces rebelles qu’on devait tous faire mourir à midi. — Quelle exécution ? quels rebelles ? » demanda Cromwell laissant tomber son couteau et sa fourchette.