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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/70

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et dans une attitude qui indiquait de l’embarras, se tenait un jeune étranger en habit de cavalier.

« C’est peut-être mon dernier acte d’autorité en ces lieux, » dit le chevalier en saisissant l’inconnu au collet ; « mais je suis encore conservateur de Woodstock, pour cette nuit du moins. Qui es-tu et que fais-tu là ? »

L’étranger écarta le grand manteau qui lui cachait la figure, et en même temps mit un genou en terre.

« Votre pauvre neveu, Matkham Éverard, répondit-il, qui vient ici pour vous sauver, quoiqu’il craigne bien que vous ne daigniez pas même lui souhaiter la bienvenue. »

Sir Henri recula effrayé ; mais en homme qui se rappelle qu’il doit soutenir sa dignité, il reprit sa première attitude. Il se redressa donc, et répondit avec un grand air de cérémonie :

« Beau neveu, je suis ravi que vous soyez venu à Woodstock, précisément la première nuit qui, depuis bien des années, semble vous y promettre un digne et cordial accueil. — Dieu fasse qu’il en soit ainsi, que je vous entende bien, et que je vous comprenne comme il faut ! » dit le jeune homme, tandis qu’Alice, sans oser prononcer une parole, avait les yeux attachés sur la figure de son père, comme pour chercher à y lire s’il était favorablement disposé pour son neveu, ce dont elle doutait fort, tant elle connaissait bien le caractère de sir Henri.

Le chevalier, lançant un regard sardonique, d’abord sur son neveu, ensuite sur sa fille, continua : « Je n’ai pas besoin, je pense, d’informer monsieur Markham Éverard que nous ne pouvons ni le traiter, ni même lui offrir un siège dans cette pauvre hutte. — Je vous accompagnerai très volontiers à la Loge, dit le jeune homme. En vérité, je croyais que la nuit vous y avait déjà fait rentrer, et je craignais d’être importun ; mais si vous voulez bien me permettre, mon cher oncle, de vous reconduire, vous et ma cousine, à la Loge, croyez que, de toutes vos générosités, de toutes vos bontés, aucun bienfait par vous accordé n’aura eu tant de prix à mes yeux. — Vous me comprenez bien mal, monsieur Markham Éverard, répliqua le chevalier. Notre intention n’est pas de retourner à la Loge cette nuit, ni, par Notre-Dame ! demain non plus. J’ai seulement voulu vous dire, en toute courtoisie, que vous trouverez à la Loge de Woodstock une société qui vous convient, et qui sans doute vous fera la réception la plus amicale : quant à moi, monsieur, dans cette pauvre retraite, je n’oserais pas offrir un lit à une