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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/89

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était déjà préparé ? — Oui. — Celui de mistress Alice Lee serait pour le secrétaire. — Si tu tiens à tes oreilles, qu’il n’en soit rien, répondit Éverard. — Où faudra-t-il donc loger le digne secrétaire ? — Dans le chenil, si tu veux. Puis, » ajouta-t-il en s’avançant vers la chambre à coucher d’Alice qui donnait sur le salon, il y jeta un coup d’œil et en ôtant la clef, « personne ne profanera cet appartement. — Son Honneur a-t-il d’autres ordres à me donner ? — Aucun, si ce n’est de faire sortir cet homme du salon… Mon clerc restera avec moi… j’ai des lettres à lui faire écrire… Mais, attendez… avez-vous remis ce matin ma lettre à miss Alice ? — Oui. Dis-moi, bon Jocelin, ce qu’elle a dit en la recevant. — Elle a paru très émue, monsieur ; et je crois même qu’elle a pleuré un peu… en vérité, elle semblait bien affligée… — Et quelle réponse t’a-t-elle chargé de me faire ? — Aucune. Cependant, excusez-moi !… elle avait commencé à dire : « Répondez à mon cousin Éverard que je communiquerai à mon père l’obligeante proposition de mon oncle si j’en puis trouver l’occasion ; mais je crains bien… » Là elle s’interrompit un moment, puis ajouta : « J’écrirai à mon cousin ; et comme je ne pourrai peut-être parler de suite à mon père, tu porteras ma lettre après le service. » J’allai donc à l’église pour tuer le temps ; mais voilà qu’en repassant par le parc j’ai trouvé cet homme qui avait sommé mon maître de quitter ces lieux, et il fallut, de gré ou de force, que je le misse en possession de la Loge. J’aurais bien voulu informer Votre Honneur que le vieux chevalier et ma jeune maîtresse allaient sans doute vous surprendre chez moi ; mais je n’ai pu en venir à bout. — Tu as bien fait, bonhomme, et je ne t’oublierai pas. Holà ! messieurs, » dit-il en s’avançant vers le clerc et le secrétaire qui pendant ce temps-là s’étaient tranquillement assis devant la cruche, avec laquelle ils avaient fait connaissance, « permettez-moi de vous rappeler que la nuit est déjà fort avancée. — Il y a encore dans cette cruche quelque chose qui fait glou glou, répondit Wildrake. — Hum ! hum ! hum ! » fit le colonel ; et s’il ne jura pas contre l’imprudence de son compagnon, je ne saurais répondre de ce qui s’éleva dans son cœur. « Eh bien ! » dit-il, observant que Wildrake venait de remplir son verre et celui de Tomkins, « avale ce dernier coup et décampe. — Ne vous plairait-il pas que je vous racontasse d’abord, dit Wildrake comment cet honnête monsieur a vu le diable regarder cette nuit à travers un carreau de cette fenêtre, et comment il trouve qu’il a une ressemblance frappante avec l’humble serviteur et respectueux