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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/142

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servir, monsieur Osbaldistone ; si je vous quitte en ce moment, ce n’est que pour le faire plus efficacement. Mais il faut que vous employiez votre influence sur ma cousine pour la décider à venir avec moi : sa présence ici ne peut vous être utile, et nuirait sans doute à sa réputation.

— Je vous assure, monsieur, que j’en suis convaincu autant que vous. J’ai supplié miss Vernon de retourner sur ses pas, mais inutilement.

— Toute réflexion faite, » répliqua miss Vernon après un instant de silence, « je ne m’en irai pas avant de vous voir sain et sauf hors des mains des Philistins. Notre cousin Rashleigh, j’ose le dire, a ses raisons particulières ; mais lui et moi nous sommes de vieilles connaissances. Rashleigh, je ne m’en irai pas… Je sais, » ajouta-t-elle d’un ton plus doux, « que si je reste ici, ce sera un motif de plus pour vous de faire diligence.

— Restez donc, fille méchante et obstinée, dit Rashleigh ; vous ne savez que trop bien à qui vous parlez. Il se précipita hors du vestibule, et une minute après nous entendîmes le galop de son cheval.

« Dieu merci ! dit Diana, il est parti ; maintenant allons trouver le juge.

— Ne serait-il pas mieux d’appeler un domestique ?

— Oh ! nullement ; je connais le chemin qui mène à sa tanière nous tomberons sur lui à l’improviste… Suivez-moi. »

Je la suivis donc. Elle gravit un petit escalier obscur, suivit un corridor mal éclairé, et entra dans une espèce d’antichambre tapissée de vieilles cartes, de plans d’architecture et d’arbres généalogues. Une porte à deux battants conduisait de là dans la salle à manger de M. Inglewood, d’où nous entendîmes ce refrain d’une vieille chanson, répété par une voix qui, dans son temps, devait fort bien convenir aux chansons à boire :


Celui qui dira non à fille de seize ans
Mérite sans miséricorde
Pour cravate une corde.


« Oh, oh ! dit miss Vernon, le cher juge a déjà dîné ; je ne croyais pas qu’il fût si tard. »

En effet M. Inglewood, dont l’appétit avait été ce jour-là aiguisé par une longue séance, avait avancé son second repas, et