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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/166

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se plaît à le dire avec autant de vérité que d’élégance, autant de politesse que de bienveillance, rien faire d’utile en ce bas monde.

— Et le cours de vos études est-il du choix de Rashleigh, ou du vôtre, miss Vernon ?

— Hem ! dit-elle, hésitant à répondre à ma question ; mais après tout ce n’est pas la peine de lever mon doigt pour si peu de chose. Je vous dirai donc qu’il était en partie de son choix, en partie du mien. Ainsi, tout en apprenant à monter à cheval, à le brider et à le seller au besoin, à franchir une barrière, à tirer un coup de fusil sans sourciller, talents qui font l’unique occupation de mes grossiers cousins, j’avais besoin, après ces exercices fatigants, de lire avec Rashleigh les auteurs grecs et latins, et de m’approcher de l’arbre de la science, que vous autres savants vous voudriez posséder à vous seuls, pour vous venger, je pense, de la part que prit notre mère commune dans la grande transgression originelle.

— Et Rashleigh encourageait-il vos penchants pour l’étude ?

— Oui ; il fit de moi son écolière, et il ne put m’apprendre que ce qu’il savait lui-même. Il ne pouvait m’initier à la science de blanchir des dentelles ou d’ourler des mouchoirs de batiste, je suppose.

— Je conçois très-bien le désir d’avoir une telle écolière, et je ne doute pas que ce désir ne doive être une considération pour le maître.

— Oh ! si vous commencez à vouloir pénétrer les motifs de Rashleigh, mon doigt va encore toucher mon menton. Je ne puis être franche que sur ce qui me concerne. En résumé, Rashleigh s’est désisté en ma faveur de ses droits sur la bibliothèque, et il n’y entre jamais sans m’en demander et en obtenir la permission. Aussi ai-je pris la liberté d’y déposer quelques objets qui m’appartiennent, comme vous pouvez voir en jetant un regard autour de vous.

— Je vous demande pardon, mais réellement je ne vois rien qui paraisse devoir vous appartenir.

— C’est, je suppose, parce que vous ne voyez pas un berger et une bergère en tapisserie, et encadrés dans de l’ébène ; ou un perroquet empaillé, ou une cage de serins, ou une boîte à ouvrage montée en argent, ou une toilette avec un nécessaire contenant autant de boîtes vernies en laque qu’on fait de morceaux d’un gâteau de Noël ; ou une épinette, ou un luth à trois cordes ;