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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/215

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à Owen à peu près dans les mêmes termes, le priant de me faire savoir par le retour du courrier s’il l’avait reçue. Je lui accusai en même temps réception de la lettre de change, et lui promis d’en faire usage si j’avais besoin d’argent. Il me semblait singulier que mon père laissât à son commis le soin de fournir à mes besoins ; mais j’en conclus que c’était une affaire convenue entre eux. D’ailleurs, quoi qu’il en fût, Owen était garçon, à son aise, et m’était fort attaché ; ainsi je pouvais accepter sans hésiter cette petite somme que je m’empresserais de lui rendre si mon père ne la lui avait déjà remboursée ; je lui écrivis dans ce sens. Un négociant à qui le maître de poste m’adressa, me donna en or le montant de la lettre de change, et je retournai à Osbaldistone-Hall, beaucoup plus riche que je n’en étais parti. Ce surcroît de finances ne m’était pas indifférent, car j’étais obligé à quelques dépenses ; et j’avais vu avec peine que ce qui me restait après les frais de mon voyage diminuait sensiblement. Cette cause d’inquiétude disparut pour le moment. En arrivant au château, j’appris que sir Hildebrand et tous ses fils étaient allés au petit bourg appelé Trinlay Knowe, pour voir, comme disait André Fairservice, une demi-douzaine de coqs se plumer mutuellement la tête.

« C’est en effet un amusement cruel, André ; je présume que vous n’en avez pas de pareil en Écosse.

— Oh ! non certes, dit André avec assurance ; » puis il modifia sa dénégation en ajoutant : « si ce n’est peut-être à la veille de quelque fête… Au reste, ils peuvent faire tout ce qu’ils voudront à cette volaille sans qu’il y ait grand mal, car elle gratte toujours dans le jardin, et il n’y a pas une fève ou un pois qui soit à l’abri de son bec. Mais qui donc a laissé la porte de la tour ouverte ? ce n’est pas M. Rashleigh, je pense, puisqu’il n’est plus ici. »

La porte de la tour dont il parlait s’ouvrait sur le jardin, au bas d’un escalier tournant qui menait à l’appartement de Rashleigh. Cet appartement était, comme je l’ai déjà dit, tout à fait isolé, et communiquait avec la bibliothèque par une porte secrète, et avec le reste du château par un passage obscur et voûté. Un sentier étroit, bordé de deux haies de houx, conduisait de la porte de la tour à une petite poterne dans le mur du jardin. Par ces moyens de communication, Rashleigh, qui s’isolait toujours du reste de la famille, pouvait à son gré quitter le château et y entrer sans que son absence ou sa présence fût remarquée. Mais depuis son dé-