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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/224

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affaires personnelles pour songer à miss Vernon. Je me décidai enfin à m’éclairer, avant mon départ d’Osbaldistone-Hall, sur cette charmante créature, qui semblait partagée entre la franchise et le mystère : l’une inspirant toutes ses paroles et tous ses sentiments, tandis que l’autre exerçait une singulière influence sur ses actions.

À l’intérêt que m’inspiraient la curiosité et l’amour se mêlait un sentiment réel de jalousie, bien que je n’osasse me l’avouer. Ce sentiment, qui naît avec l’amour comme l’ivraie avec le bon grain, était excité en moi par la soumission que montrait Diana à ces êtres invisibles qui dirigeaient ses actions. Plus je réfléchissais à son caractère, plus j’étais involontairement convaincu qu’elle braverait toute espèce d’autorité, hors celle de l’affection ; et je conçus un violent soupçon que c’était là le fondement de cette influence à laquelle elle était soumise.

Ces doutes horribles accrurent encore mon désir de pénétrer le secret de sa conduite, et pour exécuter ce sage projet, je formai une résolution dont, si ces détails ne vous fatiguent pas, vous trouverez le résultat dans le prochain chapitre.


CHAPITRE XVII.

LES CONSEILS.


J’entends une voix que vous pouvez entendre, qui dit que je ne dois pas m’arrêter ; je vois une main que vous ne pouvez voir, qui m’ordonne de partir.
Tickell.


Je vous ai déjà dit, Tresham, si vous voulez bien vous le rappeler, que mes visites du soir à la bibliothèque avaient rarement eu lieu sans que nous en fussions convenus d’avance, et toujours en présence de la bonne Marlha : c’était toutefois un arrangement tacite que j’avais moi-même fait adopter. Dans les derniers temps, l’embarras de notre position respective s’étant accru, nous avions entièrement cessé de nous voir le soir. Aussi miss Vernon n’avait-elle aucune raison de supposer que je voulusse renouveler ces entrevues, surtout sans l’en prévenir d’avance, afin que Martha y pût assister comme d’ordinaire ; mais, d’un autre côté, cette