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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/248

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été, si l’on m’a bien informé, le fondement de sa richesse et de sa prospérité ; et si l’on assure la solidité de cette base, et qu’on bâtisse dessus avec soin, elle pourra soutenir un jour un immense édifice de prospérité commerciale ; mais à l’époque dont je parle, l’aurore de sa splendeur n’avait pas encore lui. L’Union, à la vérité, avait ouvert à l’Écosse le commerce des colonies anglaises, mais, par le manque de capitaux et la jalousie nationale des Anglais, les négociants écossais se trouvaient encore exclus en grande partie de la jouissance des privilèges que leur accordait le mémorable traité d’Union. La position de Glasgow au milieu des terres ne lui permettait pas de participer au commerce du continent ou de l’est, qui alimentait seul le peu d’affaires qu’on faisait encore en Écosse à cette époque. Cependant, quoiqu’elle fût loin de faire présager l’importance commerciale à laquelle chacun dit maintenant qu’elle doit arriver un jour, Glasgow, comme la première ville centrale de la partie occidentale de l’Écosse, avait un rang et une importance considérables. La Clyde, dont les eaux abondantes coulent si près de ses murs, lui ouvrait une navigation intérieure qui n’était pas sans quelque utilité. Et non seulement les plaines fertiles situées dans son voisinage immédiat, mais encore les comtés d’Ayr et de Dumfries, regardaient Glasgow comme leur capitale, lui transmettaient leurs produits, et en recevaient en retour les objets d’utilité et de luxe nécessaires à leur consommation.

Des sombres montagnes de l’Écosse occidentale on voyait souvent descendre des tribus sauvages, qui venaient fréquenter les marchés de la ville favorite de saint Mungo[1]. Il n’était pas rare de voir des troupeaux de bestiaux et de poneys (petits chevaux nains, velus et sauvages), conduits par des montagnards aussi velus, aussi sauvages, et quelquefois même aussi nains qu’eux, traverser les rues de Glasgow. Les étrangers contemplaient avec surprise leur costume antique et bizarre, et n’en éprouvaient pas moins à entendre les sons inconnus et barbares de leur langue, tandis qu’eux-mêmes, armés de fusils, de pistolets, d’épées, de poignards même, se livrant à cette paisible occupation, s’arrêtaient avec étonnement devant des objets de luxe dont ils ne concevaient pas l’usage, regardant avec une avidité presque alarmante ceux dont ils connaissaient l’utilité ou la valeur. C’est tou-

  1. Celui que les chroniques regardent comme l’auteur des premiers germes de civilisation dans ces contrées. a. m.