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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/250

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chrétien devait être, c’est-à-dire dans l’église de la Baronnie.

André Fairservice, dont le dégoût pour les lois de son pays ne s’était heureusement pas étendu aux autres professions savantes de sa terre natale, se mit alors à chanter les louanges du prédicateur qui devait célébrer l’office, et mon hôtesse répondit à chaque éloge par un amen. Le résultat fut que je me décidai à aller dans cette église si fréquentée, autant dans le dessein d’apprendre si Owen était arrivé à Glasgow que dans l’espoir d’en retirer une grande édification. Mais on avait animé mes espérances en m’assurant que si M. Éphraïm Mac-Vittie (le digne homme) était sur la terre des vivants, il ne manquerait pas d’honorer de sa présence l’église de la baronnie un tel jour, et que s’il y avait un étranger dans sa maison, il l’y conduirait avec lui sans aucun doute. Cette probabilité me détermina donc, et sous l’escorte du fidèle André, je partis pour l’église de la Baronnie.

Dans cette occasion toutefois j’avais peu besoin d’un guide, car la foule qui se pressait le long d’une rue rapide et mal pavée pour aller entendre le prédicateur le plus en vogue de toute l’Écosse occidentale, m’y aurait entraîné avec elle. En arrivant en haut de la montée, nous tournâmes à gauche, et une grande porte dont les deux battants étaient ouverts nous admit avec les autres dans le vaste cimetière qui entoure l’église cathédrale de Glasgow. L’édifice est d’un style d’architecture massif, sombre plutôt qu’élégant ; mais le caractère en est si purement conservé et si bien adapté à ses alentours, que la première vue en est vraiment imposante et fait naître une profonde impression d’admiration et de respect. J’en fus moi-même tellement frappé que je résistai pendant quelques minutes aux efforts que faisait André pour m’attirer dans l’intérieur de l’édifice, tant j’étais occupé à en contempler les dehors.

Situé dans une ville considérable et peuplée, cet antique et massif édifice paraît être dans la solitude la plus retirée. D’un côté, des murs très-élevés le séparent de la ville ; de l’autre, il est borné par un ravin au fond duquel murmure un ruisseau vagabond, invisible à l’œil, et dont le doux bruissement ajoute à l’effet de majesté imposante du lieu. Le bord opposé du ravin, qui s’élève d’une manière rapide, est couvert d’une plantation de sapins touffus dont l’ombrage épais s’étend sur une partie du cimetière et y répand une teinte sombre parfaitement en harmonie avec le reste du tableau. Le cimetière lui-même a son caractère parti-