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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/255

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ou leurs bonnets, et tous ceux qui avaient le bonheur d’avoir des sièges s’assirent. André et moi nous n’étions pas de ce nombre, étant arrivés trop tard dans l’église pour pouvoir nous en procurer. Nous faisions partie d’un nombre d’autres individus qui se trouvaient dans le même cas et formaient une espèce de cercle autour de la partie de l’assemblée qui était assise. Derrière et autour de nous étaient les voûtes que j’ai déjà décrites ; nous faisions face aux pieux auditeurs dont les visages étaient à demi éclairés par les rayons du jour qui pénétraient à travers une ou deux croisées basses et gothiques, placées en face, et semblables à celles qui sont destinées à donner de l’air et de la clarté dans les caveaux de sépulture. Elles éclairaient toutes les physionomies tournées vers le prédicateur et sur lesquelles on remarquait la variété de caractères et d’expressions ordinaire dans ces sortes de réunions. L’attention régnait presque sur toutes et n’était interrompue que lorsqu’un père ou une mère rappelait à l’ordre l’enfant trop vif dont les yeux distraits erraient de côté et d’autre, ou réveillait celui qui, plus pesant, se laissait aller au sommeil. Les traits prononcés des Écossais et leurs visages non moins remarquables par la saillie de leurs os que par l’expression de pénétration et d’intelligence qui les distingue, se montrent avec plus d’avantage dans une assemblée religieuse ou dans les rangs d’une armée qu’au milieu de toute autre réunion moins grave et plus frivole, et le discours du prédicateur était bien fait pour mettre en jeu les diverses sensations et les facultés de son auditoire.

L’âge et les infirmités avaient affaibli un organe naturellement énergique et sonore. En lisant son texte, sa prononciation me parut un peu inarticulée, mais quand il eut fermé la Bible et commencé son sermon, sa voix s’affermit par degrés à mesure qu’il entrait plus avant dans les arguments qu’il développait. Son discours roulait principalement sur les points les plus abstraits de la religion chrétienne, sujets graves, profonds et impénétrables pour la raison humaine, mais qu’il chercha d’une manière aussi louable qu’ingénieuse à expliquer par des citations des saintes Écritures. Mon esprit n’avait pas été préparé à le suivre dans tous ses raisonnements, je n’étais même pas sûr de le comprendre toujours bien, mais rien n’était plus capable de faire impression que l’ardent enthousiasme qui animait le bon vieillard, et rien ne pouvait être plus ingénieux que sa manière de raisonner. On sait que l’Écossais est plus remarquable par ses