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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/270

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tenant. Votre liberté ne court aucun risque dans cette visite, la mienne peut y être en danger, mais je m’y exposerai volontiers pour vous, car les périls ne m’effraient guère, et j’aime cette ardeur de jeune homme qui ne connaît d’autre sauvegarde que la pointe de son épée. »

Tout en discourant ainsi nous étions arrivés dans la rue principale. Mon compagnon s’arrêta devant un grand bâtiment en pierres de taille, dont les fenêtres me parurent garnies de grilles de fer.

« Que ne donneraient pas le prévôt et les baillis de Glasgow, » dit l’étranger dont l’accent national devenait plus prononcé à mesure qu’il se livrait à une conversation plus familière, « que ne donneraient-ils pas pour tenir renfermé dans leur prison, les fers aux pieds et aux mains, celui dont les jambes sont aussi libres en ce moment que celles du daim dans les bois ! Et à quoi cela leur servirait-il ? lors même qu’ils me tiendraient là avec un poids de fer de cent livres à chaque pied, ils n’en trouveraient pas moins le lendemain la chambre vide et leur locataire délogé. Mais venez, qu’attendons-nous ? »

— En parlant ainsi il frappa un petit coup à une espèce de guichet ; une voix rauque, et semblable à celle de quelqu’un qui s’éveille ou qui sort d’un rêve, lui répondit : « Qu’est-ce que c’est ? qu’y a-t-il ? Que diable voulez-vous à cette heure de la nuit ?… c’est contre les règles… tout à fait contre les règles. »

Le ton traînant dont ces derniers mots furent prononcés annonçait que celui qui venait de parler se préparait à se rendormir ; mais mon guide, élevant un peu la voix, dit : « Dougal, mon brave, avez-vous oublié Ha-nun-Gregarach[1] ?

— Non, de par le diable ! » répondit-on vivement, et j’entendis le gardien intérieur se lever avec beaucoup de promptitude. Mon conducteur et le porte-clefs échangèrent quelques mots dans une langue qui m’était absolument inconnue. Les verrous furent tirés, mais avec une précaution qui indiquait la crainte que le bruit n’en fût entendu ; et nous nous trouvâmes dans le vestibule de la prison de Glasgow, une espèce de salle de garde, petite mais bien fortifiée. Un étroit escalier conduisait à l’étage supérieur, et une ou deux portes basses, qui menaient à des chambres de plain-pied, étaient garnies de guichets, de verrous et de barres de fer. Les

  1. Ces mots en gaélique répondent au nom de Mac-Gregor. a. m.