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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/284

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« Je vous crois, je vous crois ; en voilà assez. Vous aurez la liberté des jambes à l’heure du déjeuner. Maintenant voyons ce que vos compagnons de chambre ont à dire pour leur défense, et comment et par quelle licence ils sont entrés ici à cette heure de la nuit.


CHAPITRE XXIII.

LES DEUX COUSINS.


Notre homme, en rentrant le soir au logis, y trouva un homme qu’il n’aurait pas dû y voir. Qu’est-ce ci, femme ? dit-il : que veut celui-là ? Comment vint ici ce manant sans ma permission ?
Vieille chanson.


Le magistrat prit la lumière des mains de sa servante, et s’avança pour faire son examen, la lanterne à la main, comme Diogène dans les rues d’Athènes, et probablement avec aussi peu d’espoir que le cynique de rencontrer un trésor dans le cours de ses recherches. Le premier dont il s’approcha fut mon guide mystérieux, qui, assis sur la muraille, les traits dans une immobilité parfaite, les mains croisées sur sa poitrine avec une espèce de nonchalance qui avait un air de défi, continuait de siffler un air en battant du talon contre un des pieds de la table, et soutint l’examen de M. Jarvie avec une assurance et un sang-froid qui mirent un moment en défaut la mémoire et la sagacité du pénétrant magistrat.

« Ah, ah !… Eh, en !.., Oh, oh !… s’écria le bailli ; en bonne conscience, c’est impossible… mais non, cela ne se peut pas… je me trompe… Non, je ne me trompe pas, c’est bien lui, que le diable m’emporte !… Brigand ! cateran[1] ! démon incarné, venu au monde pour toutes sortes de mauvaises fins, et qui n’en ferez jamais une bonne, est-il bien possible que ce soit vous ?

— Moi-même, bailli, comme vous voyez, fut la réponse laconique de mon guide.

— Sur ma conscience ! j’en suis tout étourdi ! Vous, vaurien,

  1. L’expression cateran, qui est écossaise, répond à celle de pillard. a. m.