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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/360

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— Conduisez-moi devant un magistrat civil, répliqua le bailli, devant le shérif ou le juge du canton. Je ne suis pas obligé de répondre aux questions que voudra me faire chaque habit rouge.

— Eh bien ! monsieur, je sais comment m’y prendre avec des gens qui ne veulent point parler. Et vous, monsieur, me dit-il, quel est votre nom ?

— Francis Osbaldistone, monsieur.

— Quoi ! fils de sir Hildebrand Osbaldistone du Northumberland ?

— Non, monsieur, interrompit le bailli, fils de William Osbaldistone, chef de la grande maison Osbaldistone et Tresham de Crane-Alley à Londres.

— Je crains, monsieur, dit l’officier, que votre nom ne fasse qu’augmenter les soupçons qui existent contre vous ! Il me met dans la nécessité de vous prier de me remettre tous les papiers que vous pouvez avoir sur vous. »

Je remarquai qu’à cette requête les montagnards se regardèrent avec inquiétude.

« Je n’en ai point, » répondis-je.

L’officier ordonna que je fusse désarmé et fouillé. Résister eut été une folie ; je remis donc mes armes, et me soumis à la recherche, qui fut faite avec autant de politesse que le comporte une opération de cette espèce. Ils ne trouvèrent que le billet qui m’avait été remis par l’hôtesse.

« Je ne m’attendais nullement à cela, dit l’officier, mais j’y trouve un motif suffisant pour vous retenir prisonnier ; car je vois que vous êtes en correspondance avec ce brigand proscrit, Robert Mac-Gregor Campbell, qui est depuis si long-temps le fléau de ce district. De quelle manière expliquerez-vous cela ?

— Des espions de Rob ! s’écria Inverashalloch ; pour en faire justice, il faut les pendre au premier arbre.

— Nous nous sommes mis en voyage, dit le bailli, pour aller réclamer de l’argent qui nous est dû, et ceci sera tombé par hasard entre les mains de ce jeune homme. Il n’y a pas de loi, j’espère, qui défende à un homme d’aller demander son bien.

— Comment cette lettre se trouve-t-elle entre vos mains ? » me dit l’officier.

Ne pouvant me décider à trahir la pauvre femme qui me l’avait remise, je gardai le silence.

« En savez-vous quelque chose, mon camarade ! » dit l’officier