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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/429

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étouffé par la violence de ses passions ; « on verra que ce nom qu’on a osé proscrire, que le nom de Mac-Gregor est en effet un talisman qui peut soulever les enfers. Ceux qui entendent d’une oreille dédaigneuse le récit des affronts qui m’ont été faits, trembleront au récit de ma vengeance. Le misérable marchand de bestiaux montagnard, banqueroutier, marchant nu-pieds, dépouillé de tout, déshonoré, traqué comme une bête féroce, fondra sur ceux dont la lâche avarice ne se contenta pas de s’emparer de tout ce qui lui restait ; et ce changement sera terrible. Ceux qui méprisèrent le ver de terre et le foulèrent aux pieds, pousseront en vain des lamentations et des hurlements, quand ils verront le dragon, l’œil en feu, s’élancer sur sa proie. Mais pourquoi parler de tout ceci ? » dit-il en se rasseyant et d’un ton plus calme. « Vous ne devez pas vous étonner, monsieur Osbaldistone, que ma patience soit à bout, quand je me vois chassé sur la terre et sur l’eau comme une loutre, un veau marin ou un saumon, et cela par mes amis et mes voisins même, armés de sabres et de pistolets, comme vous l’avez vu aujourd’hui au gué d’Avondow : il y a de quoi lasser la patience d’un saint, et à plus forte raison celle d’un montagnard, car nous ne passons pas pour être grandement doués de cette qualité, monsieur Osbaldistone, comme vous pouvez savoir. Mais il y a du vrai dans ce que m’a dit Nicol. Je suis inquiet du sort de mes enfants. J’ai du chagrin lorsque je pense qu’Hamisch et Robert mèneront la vie de leur père. » Et s’abandonnant, au sujet de ses enfants, à des regrets qu’il n’éprouvait pas pour lui-même, il appuya sa tête sur sa main, et resta plongé dans un profond abattement.

Je ne puis vous dire, Tresham, à quel point j’étais moi-même attendri. J’ai toujours été plus touché de la douleur qu’éprouve une âme fière, énergique et courageuse, que de celle à laquelle cèdent si aisément les esprits plus faibles. Je sentis un vif désir de calmer sa peine, malgré le peu de probabilité, malgré l’impossibilité même d’y réussir.

« Nous avons des relations étendues avec les pays étrangers, lui dis-je ; vos fils ne pourraient-ils pas, avec quelque assistance (et certes ils ont des droits réels à toute celle de la maison de mon père), trouver une ressource honorable en entrant au service étranger ?

Je crois que ma physionomie portait des traces de la vive émotion que j’éprouvais, car mon compagnon, me prenant par la main,