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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/441

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ment ce beau lac, couvert d’îles charmantes, dont les formes présentent la plus agréable variété, se rétrécissant à son extrémité septentrionale, et se perdant au milieu d’une longue et obscure perspective de montagnes, tandis qu’il s’élargit du côté du sud, et baigne les anses et les promontoires de ses bords riants et fertiles, forme un des spectacles les plus étonnants et les plus sublimes de la nature. Le côté oriental, remarquable par les rochers dont il est hérissé, était alors la résidence principale de Mac-Gregor et de son clan. Pour leur imposer un frein, on avait établi une petite garnison dans une position centrale entre le lac Lomond et un autre lac. Mais les fortifications naturelles du pays, avec ses nombreux défilés, ses marais, ses cavernes, qui pouvaient servir tout à la fois de lieu de refuge et de lieu de défense, rendaient à peu près inutile l’établissement de ce petit fort, qui paraissait être là plutôt comme une preuve du danger que comme moyen de le prévenir.

Dans plus d’une circonstance semblable à celle dont j’avais été témoin, la garnison eut à souffrir de l’esprit entreprenant et aventureux du chef proscrit et de sa bande. Quand il commandait en personne, la victoire n’était jamais souillée par la cruauté ; car, naturellement humain, il avait d’ailleurs trop de sagacité pour exciter inutilement la haine contre son clan et contre lui-même. J’appris avec plaisir qu’il avait rendu la liberté aux prisonniers qui avaient été faits le jour précédent, et l’on rapporte de cet homme remarquable plusieurs traits de clémence et même de générosité dans des occasions de ce genre.

Une barque nous attendait dans une crique abritée par un rocher ; elle était dirigée par quatre vigoureux rameurs montagnards. Là, notre hôte prit congé de nous avec beaucoup de cordialité, et même en nous donnant des marques d’amitié. Il semblait exister entre lui et M. Jarvie une sorte d’attachement réciproque qui formait un contraste frappant par la différence de leur genre de vie et de leurs habitudes. Après s’être affectueusement embrassés, et au moment même de se séparer, le bailli, dans l’effusion de son cœur, et d’une voix tremblante d’émotion, assura son parent que si jamais 100 ou 200 liv. sterl. pouvaient lui procurer ainsi qu’à sa famille une existence plus tranquille, il n’avait qu’à écrire un mot dans Salt-Market ; Rob, portant une main sur la poignée de son épée, et de l’autre serrant cordialement celle de M. Jarvie, déclara que si jamais quelqu’un osait insulter son cou-