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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/467

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gnance inexprimable que je viens vous demander un service, désagréable peut-être, mais à coup sûr dangereux, et que j’aurais préféré pouvoir demander à tout autre. Mais le sort qui m’a conduit à travers une vie pleine de périls, me réduit en ce moment à n’avoir pas même la liberté du choix. »

En ce moment la porte s’ouvrit, et j’entendis la voix de l’officieux André : « J’apporte des chandelles ; vous les allumerez si vous voulez. »

Je me précipitai au-devant de lui, espérant arriver assez à temps pour l’empêcher de voir les personnes qui étaient dans l’appartement. Je l’en fis sortir avec violence, fermai la porte et poussai le verrou. Mais, me rappelant aussitôt et les deux compagnons qu’il avait en bas, et son humeur babillarde, et la remarque de Syddall que l’un d’eux était un espion, je le suivis aussi promptement que je pus jusque dans le vestibule, où ils étaient réunis. André parlait très-haut quand j’ouvris la porte ; mais il se tut quand il me vit entrer.

« Eh bien, qu’avez-vous donc, imbécile que vous êtes ? Vous ouvrez de grands yeux effarés, comme si vous aviez vu un esprit ?

— Rien, rien ; seulement il a plu à Votre Honneur de me traiter un peu brusquement.

— Parce que vous m’avez dérangé d’un profond sommeil, animal !… Syddall m’a dit qu’il ne pouvait pas faire préparer de lits cette nuit pour ces braves gens, et M. Wardlaw pense qu’il est inutile de les retenir. Voilà une couronne pour boire à ma santé, mes amis ; je vous remercie de votre complaisance ; vous pouvez vous retirer. »

Les deux hommes me remercièrent, prirent l’argent et se retirèrent sans montrer ni soupçons ni mécontentement. Je ne les quittai pas que je ne les eusse vus partir, afin d’être bien sûr qu’ils ne pourraient avoir aucune communication avec l’honnête André. Je l’avais suivi lui-même de si près, que je croyais qu’il n’avait pas eu le temps de leur dire plus de deux mots avant mon arrivée ; mais deux mots suffisent souvent pour causer de grands malheurs : dans cette occasion, ils coûtèrent la vie à deux personnes.

Ayant pris les mesures qui, dans ce moment de trouble, me parurent les plus efficaces pour assurer le secret de mes hôtes, je retournai vers eux leur en rendre compte, et j’ajoutai que j’avais recommandé à Syddall de répondre lui-même lorsque je sonnerais,