Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/482

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trouvèrent des chevaux préparés pour eux ; et, grâce à la connaissance parfaite que Mac-Gregor avait du pays (car toutes les parties de l’Écosse et du nord de l’Angleterre lui étaient également familières), ils arrivèrent à la côte occidentale, d’où ils s’embarquèrent sans accident pour la France. Le Français qui m’avait apporté cette lettre m’apprit aussi que sir Frédéric Vernon était atteint d’une maladie de langueur, suites des fatigues et des privations de tous genres qu’il avait dernièrement éprouvées, et qu’on désespérait de sa vie qui pouvait peut-être se prolonger encore quelques mois. Sa fille était dans un couvent, et l’on disait que, quoiqu’il désirât qu’elle y prît le voile, son père l’avait cependant laissée entièrement maîtresse de ses volontés.

Ces nouvelles me décidèrent à avouer franchement à mon père les sentiments et les désirs de mon cœur ; il parut d’abord un peu effrayé de l’idée de me voir épouser une catholique romaine ; mais il désirait vivement me voir établi, et il sentait qu’en m’adonnant tout entier aux affaires du commerce, comme je l’avais fait depuis quelque temps, je lui avais sacrifié mes propres inclinations. Après avoir hésité, après m’avoir adressé des questions auxquelles je répondis d’une manière qui parut le satisfaire, il finit par me dire : « Je n’aurais jamais pensé que mon fils dût devenir seigneur d’Osbaldistone, bien moins encore qu’il allât chercher une femme dans un couvent de France : mais une fille aussi soumise sera bonne épouse. Vous vous êtes occupé du commerce pour vous conformer à mes goûts, Frank ; il est bien juste que vous suiviez le vôtre en vous mariant. »

Je n’ai pas besoin de vous dire, Tresham, avec quel empressement je partis pour la France, et de quelle manière mes vœux furent accueillis ; vous savez aussi combien d’années de bonheur je dus à Diana ; vous savez combien je l’ai pleurée ; mais ce que vous ne savez pas, ce que vous ne pouvez savoir, c’est à quel point elle méritait les regrets de son époux.

Il ne me reste plus d’aventures romanesques à vous raconter : je n’ai plus même rien à vous apprendre, puisque les derniers événements de ma vie sont si bien connus de celui qui a partagé avec tout l’intérêt de la plus tendre amitié les peines et les plaisirs dont elle a été semée. J’ai été encore plusieurs fois en Écosse, mais je n’ai jamais revu l’intrépide montagnard qui a eu tant d’influence sur la première partie de ma destinée. J’ai appris de temps en temps qu’il continuait à se maintenir au milieu