Aller au contenu

Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/112

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cependant l’eunuque son confident, qui demeuroit sans crédit par son absence, et par la mort de M. le cardinal, entreprit de se rendre nécessaire auprès de moi ; mais, outre que mon inclination m’éloignoit fort de toutes sortes d’intrigues, M. Mazarin me faisoit observer trop soigneusement. Enragé de cet obstacle, il résolut de s’en venger sur M. Mazarin même. Cet homme avoit conservé un accès assez libre auprès du Roi depuis le temps qu’il étoit confident de ma sœur. Il lui va faire de grandes plaintes de la rigueur avec laquelle M. Mazarin me traitoit, qu’il étoit obligé de s’y intéresser comme créature de M. le cardinal, et mon serviteur particulier ; que M. Mazarin était jaloux de tout le monde, et surtout de Sa Majesté, et qu’il me faisoit observer avec un soin tout particulier dans tous les lieux où le Roi, qui ne songeoit pas à moi, pouvoit me voir. Qu’au reste, il tranchoit du grand ministre, et qu’il avait menacé de faire sortir tous les Italiens de Paris. À tout cela le Roi ne lui répondit autre chose, sinon, que si tout ce qu’il disait était vrai, le duc Mazarin étoit fou, et qu’il n’avoit pas hérité de la puissance de M. le cardinal, comme de son bien. Ce qu’il y avoit de véritable dans ce rapport, est que M. Mazarin ayant appris quelque chose des intrigues de l’eunuque, avoit menacé de le chasser du palais Mazarin où il logeoit.

Non content de ce qu’il avoit fait, il fut assez mal avisé pour s’en vanter en présence d’une femme de qualité de Provence, nommée Mme de Ruz, qui connoissoit je ne sais comment M. Mazarin. Elle l’avertit du mauvais office qu’on lui avoit rendu ; il vouloit mettre près de moi quelque dame, qui,