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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/131

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plairoit, excepté un écuyer qui me seroit donné par M. Colbert ; que nous demeurerions chacun dans notre appartement ; que je ne serois pas obligée à le suivre dans quelque voyage que ce fût ; et que pour la séparation de biens que je demandois, MM. les ministres en seraient les arbitres, et que nous nous tiendrions inviolablement à ce qu’ils en diroient. Le même jour que je signai cet écrit, je rencontrai Mme de Brissac à la foire, qui me dit en riant : Vous voilà donc replâtrée, madame, pour la troisième fois ? Aussi n’étions-nous point véritablement raccommodés. M. Mazarin prenoit à tâche de me fâcher en tout. Je pourrois vous en dire plusieurs particularités, mais je me contenterai de vous en rapporter une des plus éclatantes. J’avois fait élever un théâtre dans mon appartement pour y donner la comédie à quelques personnes de la Cour. Deux heures avant qu’on s’en dût servir, M. Mazarin, sans m’en avertir, s’avisa de le faire abattre, parce que c’étoit jour de fête, et que la comédie est un divertissement profane. Tout cela n’empêcha pas que nous ne nous vissions fort civilement les après- dînées : car nous ne mangions, ni couchions ensemble. M. Mazarin ne l’entendoit pas de la sorte ; mais outre que notre écrit n’en disoit rien, je ne voyois pas apparence que les choses pussent demeurer comme elles étoient, et si par hasard nous en revenions au Parlement, je ne voulois pas m’exposer à solliciter étant grosse. Ma prévoyance ne fut pas vaine. Il se repentit bientôt de ce qu’il avoit fait ; il pria le Roi de déchirer l’écrit, et de rendre les paroles ; je n’y consentis qu’à condition que le Roi ne se mèleroit jamais de nos affaires, ni