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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/165

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héroines de roman, avec force pierreries, et point de linge blanc.

Nous fûmes ensuite à Mirabeau, puis à Montpellier, où ma sœur voulut aller voir M. de Vardes, et à Monfrein, où j’appris que Polastron étoit en chemin, sous prétexte de venir faire compliment à ma sœur, de la part de M. Mazarin ; mais, en effet, pour me faire arrêter avec son malheureux arrêt. Je me retirai seule à Viviers pour le laisser passer ; il ne s’arrêta point près de ma sœur, quand il ne m’y trouva pas ; il passa outre, croyant m’attraper et que j’étois retournée en arrière, mais il s’éloignoit au lieu de me suivre. Cependant je me rendis à Arles par le Rhône ; de là à Martigues par terre, et par la mer à Nice ; puis à Turin et à Montmeillan, d’où ma sœur me rappela à Grenoble, près d’elle, après avoir pris les mesures nécessaires pour ma sûreté avec M. de Lesdiguières. Mon frère nous y vint joindre ; il fut huit jours avec nous ; nous en partîmes huit jours après lui, pour Lyon ; et ma sœur ayant pris le chemin de Paris, je pris celui de Chambéry, où j’ai enfin trouvé le repos que je cherchois inutilement, depuis si longtemps, et où j’ai toujours demeuré depuis, avec beaucoup plus de tranquillité qu’une femme aussi malheureuse que moi n’en devroit avoir18.


18. Mme Mazarin demeura trois ans à Chambéry, et, en 1675, elle se retira en Angleterre. C’est à Chambéry qu’elle vit l’abbé de Saint-Réal, originaire de Chambéry lui-même. Voy. notre Histoire de Saint-Évremond, seconde partie.