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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/169

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pris seul pour un grand seigneur ; et tous les seigneurs qui s’étoient fiés à la magnificence, ne passèrent que pour des valets. Réglez-vous, Madame, sur l’exemple de Bussi ; faites habiller Fanchon et Grenier[1] en duchesses, et marchez vêtue comme une simple demoiselle, avec le seul charme de votre beauté. Toutes les dames seront prises pour des Fanchons, et la simplicité de votre habit n’empêchera pas que vous ne soyez au-dessus de toutes les reines.

Je n’aime pas à faire des contes ; et une vanité, peut-être assez mal fondée, me fait préférer l’expression de ce que j’imagine au récit de ce que j’ai vu. Le métier de conteur est une puérilité dans les jeunes gens, et une foiblesse dans les vieillards. Quand l’esprit n’a pas encore acquis sa force, ou qu’il commence à la perdre, il aime à dire ce qui ne coûte rien à penser. Je renonce au plaisir que me donne mon imagination, pour vous conter une petite aventure que j’ai vu arriver à la Haye.

Dans le temps que je demeurois à la Haye, il prit envie un jour à M. le comte de Guiche[2] et à M. de la Vallière[3] de se parer, pour attirer

  1. Deux suivantes de Mme Mazarin.
  2. Armand du Grammont, mort sur la fin de l’année 1672.
  3. Frère de la duchesse de la Vallière.