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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/171

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y étoient-ils entrés, qu’on accourut de toutes parts pour les regarder ; et le monde, surpris de la nouveauté, ne savoit encore s’il la falloit admirer comme extraordinaire, ou s’en moquer comme d’une chose extravagante. Dans cette petite suspension, où l’on songeoit à se déterminer, M. de Louvigny[1] arriva. Il avoit un habit noir tout simple, et de beau linge faisoit sa parure : mais on lui voyoit la plus belle tête du monde, le plus agréable visage et le meilleur air. Sa modestie insinuoit le mérite de ses qualités : les femmes étoient touchées ; il plaisoit aux hommes. Disons la vérité, il touchoit tout. Sans vous, Madame, la question seroit décidée, et les avantages de votre sexe seroient perdus. Vous êtes la seule femme qui puissiez faire sur nous des impressions plus fortes. Après vous avoir dépeint ses charmes, vous n’aurez pas de peine à en deviner les effets. Tous les spectateurs furent aussi touchés, que M. le comte de Guiche et M. de la Vallière furent confondus. On se souvient encore à la Haye de l’avantage de M. de Louvigny et de la défaite de ces Messieurs. Si je n’étois pas en Angleterre, il m’en souviendroit plus qu’à personne ; mais vous ruinez tous objets et

  1. Antoine-Charles de Grammont, comte de Louvigny, ensuite duc de Grammont.