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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/19

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Si vous me demandez lequel je préfère de tous les vins, sans me laisser aller à des modes de goûts qu’introduisent de faux délicats, je vous dirai que le vin d’Ay est le plus naturel de tous les vins, le plus sain, le plus épuré de toute senteur de terroir, d’un agrément le plus exquis par son goût de pêche qui lui est particulier, et le premier, à mon avis, de tous les goûts. Léon X, Charles-Quint, François premier, Henri VIII, avoient tous leur propre maison, dans Ay ou proche d’Ay, pour y faire plus curieusement leurs provisions. Parmi les plus grandes affaires du monde qu’eurent ces grands Princes à démêler, avoir du vin d’Ay ne fut pas un des moindres de leurs soins.

Ayez peu de curiosité pour les viandes rares, et beaucoup de choix pour celles qu’on peut avoir commodément. Un potage de santé bien naturel, qui ne sera ni trop peu fait, ni trop consommé, se doit préférer pour un ordinaire à tous les autres, tant par la justesse de son goût, que par l’utilité de son usage. Du mouton tendre et succulent ; du veau de bon lait, blanc et délicat ; la volaille de bon suc, moins engraissée que nourrie ; la caille grasse, prise à la campagne ; un faisan, une perdrix, un lapin, qui sentent bien chacun dans son goût ce qu’ils doivent sentir, sont les véritables viandes qui pourront faire, en différentes saisons, les