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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/227

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vous connoître. Ceux que vous croyez les moins disposés à vous plaindre, ne vous pardonnent point la résolution que vous avez prise de nous quitter. Vous n’avez d’ennemis qu’en vous ; et autour de vous de tristes idées, un attirail de mélancolie et d’ennui. Qui verroit dans votre tête, comme on peut voir sur votre visage, on trouveroit votre cervelle toute noircie des Morts de la Trappe1, et de vos autres imaginations funestes. Adieu, Madame ; le seul discours de votre affliction feroit la mienne, si elle n’étoit pas toute formée. Devinez ma douleur et mon zèle ; il n’est pas en mon pouvoir de vous l’exprimer.

Il y a longtemps que je ne me mêle pas de vous donner des conseils : le dernier est de vous accommoder avec M. Mazarin, pour peu de sûreté que vous y trouviez. S’il n’y en a aucune, revenez en Angleterre, demeurer quelque temps à la campagne. Je suis persuadé que le roi ne vous abandonnera pas, et vous trouverez plus de gens disposés à vous servir que vous ne croyez. Pour les couvents, on y est malheureux, à moins que de devenir imbécile. Souffrir pour souffrir, il vaut mieux pour une femme mariée que ce soit avec son mari, qu’avec une Supérieure : il y a plus d’honneur et


1. On avoit publié la Vie de quelques personnes qui sont mortes à la Trappe en odeur de sainteté.