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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/261

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sont les funestes et incontestables preuves de ce que nous soutenons.

Pour M. Érard, après avoir négligé toutes vérités comme basses, grossières, indignes de la délicatesse de son esprit ; après avoir usé sa belle imagination à inventer et à feindre, à donner la couleur des vertus aux vices, l’apparence de vices aux vertus : rebuté enfin du mauvais succès de ses artifices, il a recours à des lois éteintes, dont il veut rétablir l’autorité ; il a recours à la vieille et ridicule Novelle de Justinien. Belle ressource à un avocat de si grande réputation !

La voici, Messieurs, cette loi menaçante et redoutable à la société humaine ; cette Novelle qui ôte aux honnêtes gens la plus douce consolation de la vie, par la punition d’un commerce tout raisonnable et tout innocent.

Si une femme mange avec des hommes, sans la permission de son mari, elle déchoit de ses droits, elle n’a plus de part à ses conventions matrimoniales5.

Heureusement la Novelle n’a point de lieu


5. La citation de la Novelle de Justinien, dont argumentoit M. Érard, n’étoit ni exacte ni complète. Saint-Évremond n’étoit pas tenu d’en vérifier le texte ; il lui suffisoit de montrer que la loi étoit absurde, si elle avoit le sens que lui attribuoit l’avocat du duc de Mazarin ; et, en ce point, il avoit bien raison. Mais, au fond, Jus-