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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/293

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en perdant Galet : c’est un grand sujet de plainte contre vous ; mais le souvenir de la longe de Veau, que vous m’avez donnée, répare tout.

Milord Montaigu, M. Justel et M. Silvestre l’ont mangée à mon logis. Milord Montaigu, fidèle au Mouton, eut de la peine à souffrir le Veau ; mais quand il en eut mangé, et que je lui eus dis qu’il venoit de vous, il jura de ne manger de Mouton de sa vie, à moins que vous n’eussiez la bonté de m’en envoyer de Bath. Le Bibliothécaire2 chercha, dans Athénée, dans Apicius, dans Horace, dans Pétrone, un aussi bon mets que le mien, et n’en trouva point. Le Médecin dit que c’étoit une viande bonne pour les malades, et délicieuse pour les gens qui se portent bien. Je me servis des termes de votre lettre pour faire son éloge, assurant que le Veau de rivière, des Commandeurs et des d’Olonnes, n’en approchoit pas.

Votre santé fut bue trois fois : on commença par les approbations ; des approbations on vint aux louanges, et des louanges à l’admiration. Comme la tendresse et la pitié se mêlent d’ordinaire avec les louanges, en buvant on plaignit le malheur de votre condition, et j’eus de la peine à empêcher le murmure contre la Provi-


2. M. Justel. Voy. inf. p. 417.