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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/34

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nités assez fâcheuses. Je ferai une application particulière de ce sentiment genéral, et vous dirai que je pense avoir reçu des nouvelles de toutes les personnes qui voudroient s’employer en ma faveur : je fatiguerois inutilement des miennes ceux qui ne m’ont pas donné des leurs jusqu’ici.

Parmi les amis que la nouvelle fortune m’a fait éprouver, j’en ai vu qui étoient tout pleins de chaleur et de tendresse : j’en ai vu d’autres qui ne manquoient pas d’amitié, mais qui avoient une lumière fort présente à connoître leur inutilité à me servir ; qui peu touchés de se voir sans crédit, en cette occasion, ont remis aisément tous mes malheurs à ma patience. Je leur suis bien obligé de la bonne opinion qu’ils en ont : c’est une qualité dont on s’accommode le mieux qu’il est possible, et dont on laisseroit pourtant volontiers l’usage à ses ennemis. Cependant, il faut nous louer du service qu’on nous rend, sans nous plaindre de celui qu’on ne nous rend pas ; et rejeter, autant qu’on peut, certains sentiments d’amour-propre, qui nous représentent les personnes plus obligées à nous servir qu’elles ne le sont. La mauvaise fortune ne se contente pas de nous apporter les malheurs, elle nous rend plus délicats à être blessés de toutes choses ; et la nature, qui devroit lui résister, est d’intelligence avec elle,