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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/353

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jours des personnes que l’on a aimées, et c’est peut-être pour embellir mon épitaphe, que cette séparation du corps s’est faite. Je souhaiterais que le jeune prédicateur1 m’eût trouvée dans la gloire de Niquée2, où l’on ne changeoit point, car il me paroît que vous m’y croyez des premières enchantées. Ne changez point vos idées sur cela, elles m’ont toujours été favorables ; et que cette communication, que quelques philosophes croyoient au-dessus de la présence, dure toujours.

J’ai témoigné à M. Turretin la joie que j’aurois de lui être bonne à quelque chose : il a trouvé ici de mes amis, qui l’ont jugé digne des louanges que vous lui donnez. S’il veut profiter de ce qui nous reste d’honnêtes abbés, en l’absence de la cour, il sera traité comme un homme que vous estimez. J’ai lu devant lui votre lettre, avec des lunettes : mais elles ne me siéent pas ; j’ai toujours eu la mine grave. S’il est amoureux de mérite, que l’on appelle ici distingué, peut-être que votre souhait sera accompli, car tous les jours on me veut consoler de mes pertes, par ce beau mot.

J’ai su que vous souhaitiez La Fontaine en


1. M. Alphonse Turretin, pasteur et professeur de l’Académie de Genève.

2. Voy. les Amadis et les Contes de fées.