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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/405

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MADEMOISELLE DE LENCLOS À SAINT-ÉVREMOND.
(1698.)

Monsieur de Clerembaut m’a fait un sensible plaisir en me disant que vous songiez à moi : j’en suis digne par l’attachement que je conserve pour vous. Nous allons mériter les louanges de la posterité par la durée de notre vie, et par celle de l’amitié. Je crois que je vivrai autant que vous. Je suis lasse quelquefois de faire toujours la même chose, et je loue le Suisse qui se jeta dans la rivière, par cette raison. Mes amis me reprennent souvent sur cela, et m’assurent que la vie est bonne, tant que l’on est tranquille, et que l’esprit est sain. La force du corps donne d’autres pensées. L’on préféreroit sa force à celle de l’esprit : mais tout est inutile, quand on ne sauroit rien changer ; il vaut autant s’éloigner des réflexions, que d’en faire qui ne servent à rien. Mme Sandwich m’a donné nulle plaisirs, par le bonheur que j’ai eu de lui plaire : je ne croyois pas, sur mon déclin, pouvoir être propre à une femme de