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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/407

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LA MÊME À SAINT-ÉVREMOND.
(1699.)

Quelle perte pour vous, monsieur ! Si on n’avoit pas à se perdre soi-même, on ne se consoleroit jamais. Je vous plains sensiblement : vous venez de perdre un commerce aimable, qui vous a soutenu dans un pays étranger. Que peut-on faire pour remplacer un tel malheur ? Ceux qui vivent longtemps sont sujets à voir mourir leurs amis. Après cela votre esprit, votre philosophie, vous serviront à vous soutenir. J’ai senti cette mort, comme si j’avois eu l’honneur de connoître Mme Mazarin. Elle a songé à moi dans mes maux : j’ai été touchée de cette bonté ; et ce qu’elle étoit pour vous, m’avoit attachée à elle. Il n’y a plus de remède, et il n’y en a nul à ce qui arrive à nos pauvres corps. Conservez le vôtre. Vos amis aiment à vous voir si sain et si sage : car je tiens pour sages ceux qui savent se rendre heureux. Je vous rends mille grâces du thé que vous m’avez envoyé. La gaieté de votre lettre m’a autant plu que votre