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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/431

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dont vous les aviez exclus. Ne leur enviez donc point, Monsieur, des avantages que vous avez négligés ; et gardant pour vous vos opinions et vos malheurs, remettez le soin de leur religion et de leur fortune à la Providence.

Où est le père qui n’inspire le zèle de son parti, autant que celui de sa religion, à ses enfants ? Et que sait-on ce qui arrivera de ce zèle ? s’il s’en formera de la fureur, ou de la piété, s’il produira des crimes ou des vertus ? Dans cette incertitude, Monsieur, remettez tout à la disposition d’une loi qui n’a pour but que le bien public et l’intérêt particulier de vos familles. En effet, ne vaut-il pas mieux recevoir la religion des lois de son pays, que de la liberté de sa fantaisie, ou de l’animosité des factions où l’on se trouve ? que de faire le premier point de sa foi de la haine des Papistes, comme injustement vous nous appelez ? Soyez sage, soyez prudent, quand les emportés devroient vous appeler tiède ; il vous convient d’achever en paix les jours qui vous restent. Dieu vous tiendra compte de votre repos ; car il se plaît à la sagesse qu’il a inspirée, et ne peut souffrir le zèle indiscret qui cause ou attire le trouble imprudemment3.


3. Quand il écrivit cette lettre, Saint-Évremond ne croyoit pas à la résolution, déjà arrêtée, de révoquer l’édit de Nantes.