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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/438

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LETTRE À M. LE PRINCE D’AUVERGNE1.
(1701.)

J’avois toujours ouï dire que l’amitié ne remontoit point : sentiment fondé sur quelques observations, que les pères aiment mieux leurs enfants, qu’ils n’en sont aimés. Pour les pères, je n’en disconviens pas ; mais je trouve le proverbe faux, à l’égard des grands-pères, par ma propre expérience. L’amitié de mon petit-fils ne s’arrête pas au premier degré ; elle remonte de toute sa force pour venir au grand-papa2. Que ne fait-on point pour lui plaire ? on donne d’excellent vin, à Londres ; on envoie du meilleur thé de Hollande ; on écrit le premier. Je pousserois ces On-là bien loin ; mais je veux


1. Emmanuel-Maurice de la Tour, dit le bailly d’Auvergne, mort à la Haye, en mars 1702, peu de temps après que M. de Saint-Évremond lui eut écrit cette lettre. Il étoit le fils de Frédéric-Maurice de la Tour, duc de Bouillon, frère aîné du vicomte de Turenne.

2. Le prince Maurice appeloit ordinairement M. de Saint-Évremond son grand-papa. (Des Maizeaux.)