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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/442

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Del Bene, de l’estime que j’aurai toute ma vie pour son mérite. Je ne vous donnerai point de nouvelles assurances des sentiments que vous me sûtes inspirer, dès le moment que j’eus l’honneur de vous connoître. Je finirai par l’état où je me trouve, depuis longtemps : ces six vers que j’ai faits autrefois2 vous l’expliqueront.

Je vis éloigné de la France,
Sans besoin et sans abondance,
Content d’un vulgaire destin :

J’aime la vertu sans rudesse,
J’aime le plaisir sans mollesse,
J’aime la vie et n’en crains pas la fin.

Aussi malade que je le suis aujourd’hui, je devrois la souhaiter, au lieu de la craindre ; mais si je passe une heure, sans souffrir, je me tiens heureux. Vous savez que la cessation de la douleur est la félicité de ceux qui souffrent. Je trouve que la mienne est suspendue, quand je suis assez heureux pour vous entretenir.

Saint-Évremond est mort peu de jours après cette lettre, le 20 septembre 1703, âgé de quatre-vingt-treize ans.



2. Voy. sup., le sonnet adressé à Mlle de Lenclos, tome II, p. 547.