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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/55

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d’attaquer la réputation d’un mort : autrement, celui qui la ruine, seroit le premier et plus grand criminel lui-même. Quand il humilie l’orgueil des Espagnols et la fierté des Allemands ; quand il abaisse Rome et s’assujettit à l’Église ; quand il maintient l’Empire contre la puissance du Turc, au même temps que le Roi d’Espagne abandonne l’Empereur, et laisse les États de sa Maison exposés à l’invasion des Infidèles ; quand il fait la guerre avec tant de conduite et de valeur, et la paix avec tant de hauteur et de sagesse ; que fait-il, sinon condamner par ses actions, ce que j’ai blâmé par le discours, et en donner à toute la terre une plus forte et plus expresse censure ?

N’en doutez point, Monsieur, c’est du Roi que Monsieur le Cardinal a reçu l’injure que l’on m’attribue. Les belles et admirables qualités de Sa Majesté, ses actions, son gouvernement, ses conseils, m’ont donné les petites idées que j’ai de son Eminence : et dans la condition où je suis, j’ai à demander pardon d’une chose dont il m’est impossible de me repentir. Mais, quel sujet de plainte à Monsieur le Cardinal, qui ne lui soit commun avec tous nos Rois ? Leurs règnes n’ont-ils pas le même sort que son ministère ? Leurs faits ne sont-ils pas anéantis comme les siens, leur réputation effacée comme la sienne ?