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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/75

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envoie. Je vous pourrois dire avec plus de raison, que votre lettre est la mieux ecrite que j’aie vue de ma vie ; mais je crains de vous décrier par-là, dans un pays délicat, où l’on ne sauroit beaucoup et fort bien écrire, sans passer pour un pédant ou pour un auteur.

Votre Andromaque est fort belle ; trois de mes amis m’en ont envoyé trois par la poste, sans considérer l’économie nécessaire dans une république. Je ne regarde point à l’argent ; mais, si les bourguemestres savoient cette dissipation, ils me chasseroient de Hollande, comme un homme capable de corrompre leurs citoyens. Vous savez ce que c’est qu’un État populaire, quand vous m’exemptez de ces dépenses dont vous chargez très-judicieusement M. l’Ambassadeur[1], à qui il sied très-bien de répandre son argent, pour l’honneur de son maître et pour la dignité de la couronne. Néanmoins, comme toutes ces choses-là s’impriment à Amsterdam huit ou dix jours après qu’elles ont paru en France, je ne voudrais pas coûter à M. l’Ambassadeur des ports si considérables, trop souvent. Ceux qui m’ont envoyé Andromaque, m’en ont demandé mon sentiment. Comme je vous l’ai dit, elle m’a semblé très-belle ; mais je crois qu’on peut

  1. M. le comte d’Estrades, ambassadeur à la Haye.