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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/80

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ardent que le vôtre. La discrétion est une vertu que l’on doit pratiquer parmi ses vrais amis ; et j’ai trop d’intérêt de vous conserver, pour ne m’en pas servir avec circonspection. Si j’osois vous découvrir mon âme en cet endroit, vous la verriez pénétrée des bontés du plus désintéressé de tous les amis du monde : rien ne me soutenant dans votre cœur que votre pure générosité. C’est ce qui m’a fait croire que vous voulez donner un exemple à la postérité, pour la désespérer de ne pouvoir pas vous imiter. Enfin, je m’examine de tous les côtés, et je ne vois rien en moi qui ne justifie le dégoût que l’on devroit avoir de ma personne. Les réflexions me seroient très-fâcheuses, si elles n’étoient adoucies par le souvenir d’une personne pour qui j’ai les adorations qu’un mérite si accompli lui attire généralement de tout le monde.

Mais ne faisons pas souffrir plus longtemps une modestie aussi délicate que la vôtre, et passons au sentiment que vous me demandez de Brittanicus[1]. Je l’ai lu avec assez d’attention pour y remarquer de belles choses. Il passe, à mon sens, l’Alexandre et l’Andromaque : les vers en sont plus magnifiques ; et je ne serois pas étonné qu’on y trouvât du su-

  1. La tragédie de Racine.