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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/197

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Un pareil projet ne s’exécute point, en France, sans beaucoup de bruit5. On connoissoit, à Paris, l’entreprise de Jarzay, avant qu’il partît de Compiègne ; et comme elle étoit dirigée personnellement contre le duc de Beaufort, la ville, dont il étoit l’idole6, s’en émut. Il auroit été facile de faire mettre en pièces les imprudents qui venoient, au milieu de Paris, braver le roi des halles. Mais le Coadjuteur repoussa toute résolution de cette nature. Ne croyant pas cependant devoir souffrir une bravade, qui eut décrédité son parti, le Coadjuteur, après avoir tiré parole de ses amis qu’ils se conformeroient à son programme, décida que « lors du premier voyage de Jarzay (c’est lui-même qui parle) le duc de Beaufort, accompagné d’une centaine de gentilshommes, et d’autant de pages et laquais, se rendroit au jardin de Renard ; qu’il traiteroit civilement les compagnons de Jarzay ; adresseroit à ce dernier seulement une leçon sensible, sur ses impertinences, et lui défendroit de reparoître dans Paris, sous peine d’être jeté dans la rivière. » Le Coadjuteur répéta plusieurs fois ces avertissements, insista pour qu’on s’abstînt de violence, et permit tout au plus qu’on brisât quelques violons, s’il y en avoit.

Toutes choses ainsi arrêtées, quand le duc de Beaufort fut informé que Jarzay arrivoit à Paris avec ses amis, il s’achemina vers les Tuileries, suivi d’une bruyante escorte. Au moment où il pénétra


5. Voy. Mme de Motteville, II, p. 436 et suiv. ; les Mémoires de Retz, et Saint-Aulaire, I, p. 287 et suiv.

6. Voy. des traits curieux de l’idolâtrie des Halles pour Beaufort, dans Guy Patin, I, passim, éd. de Parisse.