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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/38

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milièrement ; on le mettoit même assez souvent des parties de plaisir du prince ; et celui-ci étoit si charmé de sa conversation, qu’il lui donna la lieutenance de ses gardes (1642), afin de l’avoir toujours auprès de lui7. Il voulut aussi qu’il assistât à ses lectures, auxquelles on sait que le prince donnoit tout le temps qu’il pouvoit dérober aux soins du commandement. Saint-Évremond ne s’y borna point au rôle d’assistant passif ; il prenoit une part active aux discussions qui les suivoient, et il n’oublia rien pour rendre ces lectures intéressantes et utiles au duc d’Enghien, aux côtés duquel il combattit à Rocroi (1643). Je ne redirai point ici cette bataille, sur laquelle la relation de Lenet, et une savante dissertation de M. Cousin ont jeté un jour lumineux : bataille que Schiller n’a pas daigné mentionner, dans l’Histoire de la Guerre de Trente ans, bien que ce fait d’armes en ait été l’un des plus brillants épisodes. Je remarquerai seulement que la compagnie des gardes, où servoit Saint-Évremond, faisoit partie du corps d’élite confié à Gassion, la veille de l’affaire, pour faire pointe dans la plaine de Rocroi, et préparer, par cette périlleuse manœuvre, l’exécution des plans arrêtés par le prince pour la belle journée du lendemain8. De cette année 1643 datent les relations particulières de Saint-Évremond avec Fouquet. Ce dernier étoit alors intendant de l’armée, et en sa qualité de chef du service des approvisionnements, il avoit des rapports multipliés avec la maison militaire du


7. Voy. Des Maizeaux, et la préface de Silvestre.

8. Lenet, édit. de Champollion, pag. 479.