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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/450

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quand un b… de jésuite, qui étoit dans la chambre, me poussa le bras et détourna le coup. Cela me mit en si grande colère, contre lui, que je me fis janséniste. »

« Remarquez-vous, Monseigneur, dit le P. Canaye, remarquez-vous comme Satan est toujours aux aguets : circuit quærens quem devoret. Vous concevez un petit dépit contre nos Pères : il se sert de l’occasion pour vous surprendre, pour vous dévorer ; pis que dévorer, pour vous faire janséniste. Vigilate, vigilate : on ne sauroit être trop sur ses gardes, contre l’ennemi du genre humain. »

« Le Père a raison, dit le maréchal. J’ai ouï dire que le diable ne dort jamais. Il faut faire de même : bonne garde, bon pied, bon œil. Mais quittons le diable, et parlons de mes amitiés. J’ai aimé la guerre, devant toutes choses ; madame de Montbazon, après la guerre ; et, tel que vous me voyez, la philosophie, après madame de Montbazon. »

« Vous avez raison, reprit le Père, d’aimer la guerre, Monseigneur : la guerre vous aime bien aussi ; elle vous a comblé d’honneurs. Savez-vous que je suis homme de guerre aussi, moi ? Le roi m’a donné la direction de l’hôpital de son armée de Flandre : n’est-ce pas être homme de guerre ? Qui eût jamais cru que le P. Canaye eût dû devenir soldat ? Je le suis,