Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/486

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dus, le mari commença une conversation fort raisonnable, sur l’heureux état où ils se trouvoient, après le misérable où ils avoient été. Notre épouse, ou pour faire admirer des choses merveilleuses, ou pour se plaire aux malignes, s’étendit, avec agrément, sur les tours que son démon lui avoit inspirés, pour tourmenter son mari : sur quoi, le mari jaloux de l’honneur du sien, ou de sa propre autorité, lui fit entendre que c’étoit trop parler des choses passées, dont le souvenir lui étoit fâcheux. Il ajouta, qu’au bon état où ils se trouvoient rétablis, elle ne devoit plus songer qu’à l’obéissance qu’une femme doit à son époux ; comme il ne songeroit, de son côté, qu’à user légitimement de ses droits, pour rendre leur condition aussi heureuse, à l’avenir, qu’elle avoit été, jusque-là, infortunée.

La femme, offensée du mot d’obéir, et, plus encore, de l’ordre de se taire, n’oublia rien pour établir l’égalité, dans le mariage, disant que les diables n’étoient pas si loin, qu’ils ne pussent être rappelés, en cas que cette égalité fût violée.

Cette amie, dont j’ai parlé, discrète et judicieuse, autant que personne de son sexe, lui représentoit sagement le devoir des femmes, sans oublier la conduite et les ménagements où les maris étoient obligés. Mais sa raison, au lieu