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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/49

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GODEAU.

On se flatte souvent : mais, si je ne m’abuse,
S’attaquer à Godeau, c’est se prendre à la Muse.
Et le plus envieux se verroit transporté,
S’il lisoit une fois mon Benedicite4.
Ô l’ouvrage excellent !

COLLETET.

Ô l’ouvrage excellent !Ô la pièce admirable !

GODEAU.

Chef-d’œuvre précieux !

COLLETET.

Chef-d’œuvre précieux !Merveille incomparable !

GODEAU.

Que peut-on désirer après un tel effort ?

COLLETET.

Qui n’en sera content, aura, ma foi, grand tort.
Mais, sans parler de moi, trop à mon avantage,
Suis-je pas, Monseigneur, assez grand personnage ?

GODEAU.

Colletet, mon ami, vous ne faites pas mal.

COLLETET.

Moi ! je prétens traiter tout le monde d’égal,
En matière d’écrits : le bien est autre chose ;
De richesse et de rang la fortune dispose.
Et que pourriez-vous donc reprendre dans mes vers ?

GODEAU.

Colletet, vos discours sont obscurs et couverts.

COLLETET.

Il est certain que j’ai le style magnifique.



4. Godeau a paraphrasé en vers le cantique des trois enfants : Benedicite omnia opera Domini, etc.