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Page:Œuvres politiques de Machiavel.djvu/346

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Ainsi, lorsque les peuples qui forment une ligue sont assez nombreux pour se croire en état de vivre avec sécurité, ils s’attachent à deux choses : la première est de se rendre protecteurs des petits États, afin de retirer de toutes parts de l’argent dont le partage est facile ; la seconde est de se battre pour autrui, de se mettre à la solde de tel ou tel prince, comme font de nos jours les Suisses, et comme on lit que faisaient les ligues dont nous venons de parler. Tite-Live nous en fournit la preuve lorsqu’il raconte que Philippe, roi de Macédoine, étant venu en conférence avec Titus Quintius Flaminius, et parlant d’accommodement en présence d’un préteur des Étoliens, ce dernier eut une altercation avec Philippe, qui lui reprocha l’avarice et l’infidélité des Étoliens, qui ne rougissaient pas de servir un État, et d’envoyer en même temps une partie de leurs troupes au service de son ennemi ; de sorte que l’on voyait souvent les drapeaux des Étoliens dans les rangs de deux armées opposées.

Personne n’ignore que les confédérations ont toujours tenu la même conduite, et que les résultats en ont été les mêmes. On voit encore que le système d’assujettir les pays conquis a toujours été faible et n’a jamais produit que de médiocres avantages ; et lorsque les républiques qui suivaient ce système ont dépassé la borne, elles se sont aussitôt précipitées à leur perte. Mais si cette méthode ne présente aucune utilité dans une république guerrière, elle ne peut offrir le moindre avantage dans celles qui ne possèdent point d’armées, comme ont été de notre temps toutes les républiques d’Italie.

Les Romains ont donc suivi la véritable marche ; elle est d’autant plus admirable, qu’ils n’avaient point eu d’exemple d’une pareille conduite, et qu’après leur chute ils n’ont point eu d’imitateurs. Quant aux confédérations, elles n’ont été adoptées que par les Suisses