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Page:Œuvres politiques de Machiavel.djvu/37

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LE PRINCE[1]





CHAPITRE PREMIER.


Combien il y a de sortes de principautés, et par quels moyens on peut les acquérir.


Tous les États, toutes les dominations qui ont tenu et tiennent encore les hommes sous leur empire, ont été et sont ou des républiques ou des principautés.

Les principautés sont ou héréditaires ou nouvelles.

Les héréditaires sont celles qui ont été longtemps possédées par la famille de leur prince.

Les nouvelles, ou le sont tout à fait, comme Milan le fut pour Francesco Sforza, ou elles sont comme des membres ajoutés aux États héréditaires du prince qui les a acquises ; et tel a été le royaume de Naples à l’égard du roi d’Espagne.

D’ailleurs, les États acquis de cette manière étaient accoutumés ou à vivre sous un prince ou à être libres : l’acquisition en a été faite avec les armes d’autrui, ou par celles de l’acquéreur lui-même, ou par la faveur de la fortune, ou par l’ascendant de la vertu.



CHAPITRE II.


Des principautés héréditaires.


Je ne traiterai point ici des républiques[2], car j’en ai parlé amplement ailleurs : je ne m’occuperai que des

  1. Voir la note à la fin du Prince.
  2. Malgré cette réticence, Machiavel parle très-distinctement des républiques, entre autres dans le chapitre V. M. Artaud pense que ce passage a été soumis à la censure, et par conséquent altéré, lorsque les Médicis ont permis l’impression de ce livre.